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I. Il était une forêt...
II. Le gala des gens heureux
III. Cicatrices
IV. La dernière danse
V. Profonde misanthropie
VI. La dryade
 
Poèmes et musique par Orion et Neptune.
 
...À venir au printemps 2007...
 
 

Il était une forêt...

 

Il était une forêt

où la cupidité de l’homme

n’était plus que l’ombre d’un lourd passé

 

Il était une forêt

où l’écorce des arbres

reflétait la beauté d’un monde perdu

 

Il était une forêt

où le chant de la nuit

éveillait le soleil d’une autre vie

 

Il était une forêt

où le sanctuaire des cieux

abreuvait les terres desséchées des dieux

 

Il était une forêt ...

Il était une forêt...

Il était une forêt...

Il était une forêt...

 

                                ..Orion 05

 

 

Le gala des gens heureux

 

C’est un orchestre vicieux qui joue ce soir, sa populaire symphonie

Il sait gratter aux cordes sensibles des limaces endormies

Ces immondes plaies baveuses qui me pousse ce soir

À me joindre malgré moi à ces musiciens de dépotoirs

 

C’est un orchestre damné qui accompagne mon suicide

Les violonistes sont mutilés en pantalon gris, leurs orbites sont vides

Les bois sont des clochards brunis et drogué jusqu’à la moelle

Leurs lèvres brûlantes, en soufflant dans leurs anches, font un bruit de crécelle

 

Le timbalier matraque des enfants avec son sexe en érection

Les cuivres crachotent les échos des rires du troupeau moribond

Les cymbales racontent le viol dégoûtant d’une femme exemplaire

Accompagné par un schizophrène à la brillante caisse claire

 

Comble de l’horreur est la vue du public de ces harmonies démoniaque 

Un peuple méprisable et répulsif, servez leur tous l’ammoniaque

Le regard crépusculaire, ils assistent à l’éradication des belles valeurs

Mais ils payent pour ne pas bien voir, ils y laissent leurs propres cœurs

L’armure délétère d’une gamme aux sordides émois

Impose d’atroces nuances de bémols sur l’hymne à la joie

Leurs ombres parlent et s’accouplent autour de mon cerveau

Soyez maudit, animaux bâtards, je vous noierai dans mes sanglots

 

Mais de cette foule dissonante ou la folie exécrable

Empoisonne tous les gens dès qu’ils se mettent à table

Le plus sage est ironiquement le chef d’ensemble, métronome austère

Qu’est mon corps pendu, balançant la mesure au porte de l’enfer

 

                                                                       ..Orion, avril 07

 

Cicatrice

 

 

Tant de fois j’ai voulu mettre fin

À cet impénétrable noirceur qu’est la vie

À ce lac de pleur et de sang qu’est mon existence meurtrie

 

Tant de fois j’ai vu l’ombre de cette corde,

Sur le mur de mes remords accablés et gris

M’invitant à sa danse macabre

Celle qui me libèrerais de la mer houleuse de ma folie

 

Mes plaies saignent à nouveau

Me ramenant dans les limbes du passé

S’acharnant violemment sur mon cœur  

Jetant son venin au plus profond de ses cachots

 

Je ne peux pourtant jamais résister

De revoir ton gracieux visage déformé

Toi, monstre aux mille formes cruelles

Celui que les hommes craignent, le malheur éternel

 

Tue-moi, tue-moi, je t’en supplie

Déchire ma chair nauséabonde et moisie

Torture ma tête, impose-lui ta douleur

Jusqu’à ce que la mort fasse sécher mes pleurs

 

Porte ma vulnérabilité à l’agonie

Enchaîne à mon martyre la haine et le mépris

Consume mon essence, conduit-la aux affres de l’inquiétude

Traîne mon cœur à la potence et drape moi de solitude

 

Laisse-moi contempler le marbre froid et visqueux de ma tombe

M’abandonner à ce flot infecté par l’amertume profonde

Emporte moi à jamais dans les limbes de l’extinction salvatrice

Dans les géhennes et les cortèges sinistres

 

Cicatrice, dépose ton voile sur mon âme écoeuré

Et apporte lui non plus l’horreur mais la beauté

Offre-lui une beauté telle que la mort frappera qui osera la contempler 

 

                                                                       ..Orion 05

 

 

La dernière danse

 

Je ne suis que l’ombre d’une ombre qui se pavane oisivement

Sur les dalles miroitantes des longs pavés triomphants

Personne ne peut me croire et nul ne saurait me voir

Je l’entends déjà me répondre « et moi alors ?»

 

Tu ne peux me toucher car je porte la pire des infections

Je la répands contre ceux que j’aime aux grés des impulsions

Jamais je n’ai voulu propager cette odieuse bactérie

Pardonnez-moi, je n’aurais pas du rester plâtré dans vos vies

 

Pourquoi fallait-il que je sois doté de cette terrible malédiction

Cet affreux syndrome qu’est celui d’aimer d’une force sans nom

Mais surtout pourquoi donc m’avoir aimé en retour?

Moi, le pauvre magicien qui a raté son dernier tour

 

Qui suis-je? D’où viens-je? Où vais-je?

Cela m’est aussi clair qu’un sanglot dans la neige

L’accordéon ne jouait plus ses accords de fêtes

Et il a craché sa dernière note sinistre sur ma tête

 

La Solitude s’éprend de mon cœur

Écorché par mes songes en pleurs

Mon âme est pourfendue par ses cents milles poignards

Déchirée par ses innombrables rasoirs…

 

Et toi alors? Veux-tu toujours te fondre en mon cœur tuméfié?

Me dire que tu danses encore avec la vie tant qu’elle te laisse mener?

La piste de danse est plus glissante pour moi qui n’y suis jamais allé

Tu ne sais pas qui je suis, moi non plus mais voilà comment je suis nommé

 

Je suis la laideur maquillé et le bonheur mal habillé

Je suis la peste contagieuse et le reste d’une joie piteuse

Je suis la croix délabré et le clou mal forgé

Je suis le Jésus épineux et le bouddha malheureux

 

                                           ..Orion, décembre 2006     

 

 

Profonde Misanthropie

 

Dans les forêts brumeuses,

J’ai erré loin de vos royaumes souillés

 

Sous les pluies glacées,

J’ai erré loin de votre race maudite

 

Dans les montagnes sombres,

Les vents ont caressé mon visage

 

Sous le ciel gris et morne,

Mon âme repose d’un sommeil éternel

 

Dans la solitude, mon corps gît,

Mort loin de vos terres impures

 

Mort en silence…

 

                      ..Neptune 05

 

 

La Dryade

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